Le suivi et l'évaluation sensibles aux conflits constituent une approche essentielle pour évaluer et orienter les efforts de consolidation de la paix et de développement dans les régions touchées par un conflit. Cette approche garantit que les interventions sont non seulement efficaces, mais qu'elles n'exacerbent pas les tensions existantes et ne créent pas de nouveaux conflits. Bien que cet article se concentre sur la République démocratique du Congo (RDC), les principes et les pratiques discutés sont applicables à d'autres régions touchées par des conflits dans le monde entier.
La sensibilité aux conflits implique de comprendre le contexte dans lequel une intervention est mise en œuvre, de reconnaître l'interaction entre l'intervention et le contexte, et d'agir en fonction de cette compréhension pour éviter les impacts négatifs et maximiser les impacts positifs. Cette approche est essentielle dans des régions comme la RDC, où des dynamiques sociales, politiques et économiques complexes contribuent à des conflits persistants.
La RDC, en particulier ses régions orientales, est en proie à des conflits depuis des décennies. La présence de plus d'une centaine de groupes armés, les tensions ethniques et les intérêts internationaux dans les vastes ressources naturelles de la région ont alimenté la violence permanente. Le conflit a entraîné d'importantes crises humanitaires, avec des millions de personnes déplacées et des violations généralisées des droits de l'homme.
Les efforts déployés pour relever ces défis, tels que les processus de Nairobi et de Luanda, visent à assurer une médiation entre le gouvernement de la RDC et les groupes armés et à résoudre les tensions interétatiques, en particulier avec le Rwanda. Toutefois, ces processus se heurtent à des obstacles importants, notamment l'enlisement des négociations et la persistance de la violence.
Le suivi et l'évaluation sensibles aux conflits reposent sur plusieurs principes clés qui guident à la fois la recherche universitaire et la mise en œuvre pratique. Ces principes comprennent la compréhension du contexte, l'inclusion et l'appropriation locale, les approches adaptatives et flexibles, et le principe « Ne pas nuire ». Dans les sections suivantes, nous examinerons chacun de ces principes en détail, du point de vue des universitaires et des praticiens.
Le principe de compréhension du contexte est essentiel pour le suivi et l'évaluation sensibles aux conflits, car il garantit que les interventions sont conçues et mises en œuvre en tenant compte de l'environnement local. Cette compréhension est cruciale dans les régions touchées par un conflit comme la République démocratique du Congo (RDC), où le paysage sociopolitique est complexe et dynamique. Nous explorons ici ce principe du point de vue d'un chercheur universitaire et d'un praticien expert en S&E.
D'un point de vue académique, la compréhension du contexte implique une analyse complète du conflit qui prend en compte les facteurs historiques, sociaux, économiques et politiques contribuant au conflit. Les chercheurs se concentrent sur l'identification des causes profondes, des déclencheurs et de la dynamique des conflits, ce qui inclut la cartographie des acteurs clés, de leurs intérêts et de leurs relations, ainsi que la compréhension des causes structurelles et immédiates. Les universitaires soulignent l'importance de méthodes rigoureuses de collecte de données, combinant des approches qualitatives et quantitatives pour mieux comprendre la dynamique des conflits. Cela implique souvent l'utilisation d'indicateurs basés sur la perception, parallèlement à des mesures objectives, afin de saisir les impacts tangibles et intangibles. En outre, les chercheurs appliquent des cadres théoriques pour analyser les interactions entre les interventions et le contexte du conflit, ce qui permet de comprendre comment ces interventions peuvent influencer la dynamique du conflit et vice versa. Des études longitudinales sont fréquemment menées pour observer les changements au fil du temps, ce qui permet de mieux comprendre comment les interventions affectent et sont affectées par l'évolution du contexte du conflit.
Pour les praticiens du S&E, la compréhension du contexte consiste à appliquer ces connaissances pour concevoir et mettre en œuvre des programmes efficaces et adaptables. Les praticiens donnent la priorité à l'implication des parties prenantes locales dans le processus de suivi et d'évaluation afin de s'assurer que les interventions sont pertinentes et répondent aux besoins locaux. Cet engagement permet de recueillir des points de vue divers et de favoriser l'appropriation des interventions au niveau local. Les praticiens utilisent également la compréhension du contexte pour informer les stratégies de gestion adaptative, en mettant régulièrement à jour les analyses de conflit et en ajustant les stratégies de programme sur la base des résultats du suivi et de l'évaluation, afin de rester pertinents et efficaces dans un environnement changeant. La compréhension du contexte permet aux praticiens d'identifier les risques potentiels et les conséquences involontaires des interventions, et cette connaissance est utilisée pour développer des stratégies d'atténuation afin de minimiser les dommages et de renforcer l'impact positif des programmes. En outre, les experts en S&E s'attachent à renforcer la capacité des organisations et des communautés locales à mener un S&E tenant compte des conflits, ce qui garantit la durabilité et l'appropriation du processus par les populations locales.
L'inclusivité et l'appropriation locale sont des principes fondamentaux du suivi et de l'évaluation sensibles aux conflits, qui garantissent la pertinence, l'efficacité et la durabilité des interventions. Ces principes mettent l'accent sur l'implication des communautés locales et des parties prenantes dans la conception, la mise en œuvre et l'évaluation des programmes. Nous explorons ici ces principes du point de vue d'un chercheur universitaire et d'un praticien expert en suivi et évaluation.
D'un point de vue académique, l'inclusivité et l'appropriation locale sont examinées à travers des cadres théoriques et des études empiriques qui explorent la dynamique du pouvoir, de l'agence et de la participation dans les zones touchées par les conflits. Les chercheurs analysent ces concepts à l'aide de cadres tels que le développement participatif, la théorie de l'autonomisation et le capital social, qui aident à comprendre comment les acteurs locaux peuvent être habilités à s'approprier les processus de consolidation de la paix et de développement. Les universitaires étudient les relations de pouvoir entre les acteurs locaux et externes, en examinant comment ces dynamiques influencent l'appropriation locale. Il s'agit notamment d'examiner les rôles des différents acteurs locaux, y compris les groupes marginalisés, et de comprendre comment leur action est reconnue et facilitée dans le cadre des efforts de consolidation de la paix. Des études de cas approfondies sont souvent menées pour évaluer l'efficacité de l'appropriation locale dans différents contextes, tels que les processus de consolidation de la paix au Myanmar, qui mettent en évidence à la fois les défis et les opportunités de la mise en œuvre de l'appropriation locale dans des environnements conflictuels complexes. En outre, les universitaires critiquent les limites des interventions internationales qui n'intègrent pas suffisamment les perspectives et les capacités locales, en plaidant pour une compréhension plus nuancée des contextes locaux et la nécessité d'interventions qui répondent véritablement aux besoins et aux priorités locaux.
Pour les praticiens du suivi et de l'évaluation, l'inclusivité et l'appropriation locale sont concrétisées par des stratégies et des méthodologies pratiques qui garantissent la participation et l'autonomisation des populations locales tout au long du processus de suivi et d'évaluation. Les praticiens donnent la priorité à l'implication active des parties prenantes locales à tous les stades, ce qui implique d'identifier les principaux acteurs locaux, de comprendre leurs points de vue et de veiller à ce que leurs voix soient entendues dans les processus de prise de décision. Le renforcement des capacités est un autre aspect crucial, les experts en S&E s'attachant à former les communautés et les organisations locales à la collecte et à l'analyse des données, afin de leur permettre de s'approprier le processus d'évaluation et ses résultats. Des méthodes de suivi et d'évaluation participatives sont employées pour faciliter l'implication locale, en utilisant des outils tels que des enquêtes communautaires, des discussions de groupe et des ateliers participatifs, permettant aux parties prenantes de contribuer à la fois à la conception et à l'évaluation des interventions. Des mécanismes de retour d'information sont mis en place pour s'assurer que les résultats du suivi et de l'évaluation sont communiqués aux communautés locales, ce qui favorise la transparence et la confiance. Les praticiens utilisent également les informations fournies par les parties prenantes locales pour adapter et affiner les interventions, en maintenant un dialogue permanent afin de garantir que les programmes restent pertinents et répondent à l'évolution de la dynamique locale.
Les approches adaptatives et flexibles sont essentielles pour le suivi et l'évaluation sensibles aux conflits en raison de la nature volatile et imprévisible des environnements touchés par les conflits. Les praticiens doivent être prêts à ajuster leurs stratégies et leurs interventions en fonction de l'évolution de la situation. Les approches adaptatives et flexibles en matière de suivi et d'évaluation impliquent une série de stratégies et de considérations visant à répondre efficacement à la nature dynamique des environnements touchés par les conflits.
Les praticiens doivent d'abord maintenir une compréhension approfondie du contexte dans lequel ils opèrent, en menant régulièrement des analyses de conflit et en les mettant à jour au fur et à mesure que la situation évolue. Des outils tels que l'analyse de l'économie politique et l'analyse des conflits sont essentiels pour saisir les nuances de l'environnement local, qui à leur tour informent les stratégies d'adaptation. L'apprentissage continu et le retour d'information sont au cœur de ces approches. Les praticiens mettent en place des mécanismes de collecte et d'analyse régulières des données, ce qui permet d'ajuster les interventions en temps réel. Ce processus itératif garantit que les programmes restent pertinents et efficaces à mesure que les contextes évoluent.
L'engagement des parties prenantes locales et l'exploitation de leurs connaissances constituent un autre élément essentiel de la gestion adaptative. Les acteurs locaux fournissent des informations précieuses sur les dynamiques sociopolitiques et les risques potentiels, ce qui permet aux praticiens d'adapter les interventions de manière plus efficace. Cet engagement renforce non seulement la pertinence des interventions, mais favorise également la confiance et la collaboration, qui sont essentielles pour une adaptation réussie. La flexibilité dans la conception et la mise en œuvre des programmes est également essentielle. Les programmes doivent être conçus de manière à pouvoir s'adapter aux changements dans l'environnement du conflit, y compris des calendriers, des budgets et des allocations de ressources flexibles qui peuvent être ajustés en fonction des besoins. L'anticipation des défis potentiels et l'élaboration de plans d'urgence sont des aspects cruciaux de cette flexibilité.
La gestion des risques et la sensibilité aux conflits font partie intégrante des approches adaptatives. Les praticiens évaluent en permanence l'interaction entre les interventions et le contexte, en identifiant et en atténuant tout risque susceptible de survenir afin de minimiser les impacts négatifs potentiels sur la dynamique des conflits. Enfin, l'utilisation de méthodes mixtes et d'indicateurs spécifiques au contexte permet aux praticiens de dresser un tableau complet de la situation. En employant des méthodes qualitatives et quantitatives, ils peuvent suivre les changements et mesurer l'impact des interventions, fournissant ainsi les données nécessaires pour éclairer les décisions d'adaptation.
Le principe « ne pas nuire » est un concept fondamental du suivi et de l'évaluation sensibles aux conflits, qui souligne la nécessité d'éviter d'exacerber les conflits existants ou de créer de nouvelles tensions par le biais des interventions. Ce principe est essentiel pour garantir que les efforts humanitaires et de développement contribuent positivement à la paix et à la stabilité.
D'un point de vue académique, le principe « Do No Harm » est ancré dans plusieurs fondements théoriques clés. Il a vu le jour dans le domaine de l'éthique médicale et a ensuite été adapté aux contextes humanitaires et de développement par Mary B. Anderson dans les années 1990. L'ouvrage fondateur d'Anderson, « Do No Harm : How Aid Can Support Peace - or War », a jeté les bases d'approches sensibles aux conflits dans les interventions internationales, en guidant les considérations éthiques pour s'assurer que les interventions n'exacerbent pas les tensions par inadvertance. Depuis, les chercheurs ont développé des cadres tels que l'analyse des diviseurs et des connecteurs, qui permettent d'identifier les facteurs susceptibles d'exacerber ou d'atténuer les conflits, facilitant ainsi l'évaluation de l'impact des interventions sur la dynamique des conflits locaux. La recherche empirique et les études de cas permettent d'évaluer l'efficacité du principe « Ne pas nuire » dans la pratique, en soulignant à la fois les succès et les difficultés dans divers contextes. Les critiques de ce principe se concentrent souvent sur les difficultés à évaluer avec précision les environnements conflictuels complexes et sur le risque d'inaction par crainte de causer des dommages, ce qui a conduit à affiner son application.
Pour les praticiens du suivi et de l'évaluation, le principe « Ne pas nuire » sert de guide pratique pour concevoir et mettre en œuvre des interventions qui tiennent compte de la dynamique des conflits. Les praticiens commencent par effectuer des analyses approfondies des conflits afin de comprendre le contexte local et d'identifier les risques potentiels associés aux interventions. Il s'agit de recenser les facteurs sociaux, politiques et économiques susceptibles d'être affectés et de veiller à ce qu'ils soient pris en compte dans la conception et la mise en œuvre du programme. L'évaluation et l'atténuation des risques sont au cœur de ce processus, car les praticiens utilisent le principe « Ne pas nuire » pour élaborer des stratégies qui minimisent les dommages, en évitant par exemple les actions susceptibles d'exacerber les tensions existantes ou de créer de nouveaux conflits. Par exemple, dans les régions connaissant des tensions ethniques persistantes, les interventions pourraient être conçues pour promouvoir le dialogue et la coopération interethniques plutôt que des activités qui pourraient involontairement favoriser un groupe par rapport à un autre.
Il est essentiel d'impliquer les communautés locales et les parties prenantes pour s'assurer que les interventions tiennent compte des spécificités culturelles et des besoins locaux. Cet engagement permet d'identifier les sources potentielles de préjudice et d'élaborer des solutions adaptées au contexte local. Les praticiens utilisent souvent des approches participatives pour impliquer les communautés dans la conception et l'évaluation des interventions, en veillant à ce que leurs points de vue soient pris en compte et respectés. Des techniques de gestion adaptative sont employées pour répondre à l'évolution de la dynamique des conflits, ce qui implique des examens réguliers et des ajustements des interventions sur la base de nouvelles informations et du retour d'information des parties prenantes locales. Par exemple, s'il s'avère qu'une intervention accroît involontairement les tensions, les praticiens adapteront rapidement le programme pour en atténuer les effets.
La formation et le renforcement des capacités sont également des éléments essentiels de l'application du principe « Ne pas nuire ». Les praticiens s'attachent à donner aux acteurs locaux les moyens d'appliquer des approches sensibles aux conflits dans leur contexte, en veillant à ce que la sensibilité aux conflits soit intégrée dans tous les aspects de la conception et de la mise en œuvre des programmes. Cela inclut la formation aux outils et aux méthodes de gestion et d'atténuation des risques de conflit, ce qui contribue à renforcer les capacités locales et à garantir la durabilité des interventions.
En intégrant le principe « Do No Harm » dans le suivi et l'évaluation sensibles aux conflits, les universitaires et les praticiens contribuent au développement d'interventions plus efficaces et plus éthiques dans les environnements sujets aux conflits. Cette approche, fondée sur des bases théoriques solides et des applications pratiques, contribue à garantir que les efforts humanitaires et de développement soutiennent la paix et la stabilité au lieu d'exacerber les tensions.
Plusieurs penseurs et chercheurs clés ont contribué de manière significative aux fondements et aux principes des approches de S&E sensibles aux conflits. Leur travail a façonné le domaine en soulignant l'importance de comprendre l'interaction entre les interventions et la dynamique des conflits, et la nécessité d'adopter des approches de S&E capables de saisir les impacts voulus et non voulus sur la paix et les conflits. Voici une analyse documentaire de leurs contributions.
Mary B. Anderson est largement considérée comme la pionnière de l'approche « Do No Harm » dans le travail humanitaire et de développement. Son ouvrage de référence « Do No Harm : How Aid Can Support Peace - or War » (1999) a jeté les bases d'approches sensibles aux conflits dans les interventions internationales. Les travaux d'Anderson soulignent que l'aide peut soit soutenir la paix, soit contribuer au conflit, en fonction de la manière dont elle est apportée. Elle affirme que toutes les interventions ont un impact sur la dynamique des conflits, ce qui nécessite une compréhension approfondie du contexte spécifique.
L'approche d'Anderson consiste à analyser à la fois les « diviseurs » (sources de tension) et les « connecteurs » (capacités locales pour la paix) dans les situations de conflit. Ce cadre a été largement adopté et adapté par diverses organisations, dont la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).
Kenneth Bush et Colleen Duggan ont apporté des contributions significatives au domaine de l'évaluation dans les zones de conflit. Leur travail aborde les défis méthodologiques et éthiques liés à la conduite d'évaluations dans des environnements complexes et touchés par des conflits. Ils ont souligné l'importance des approches spécifiques au contexte et la nécessité pour les évaluateurs de tenir compte des conflits dans leurs méthodologies.
Rachel Goldwyn et Diana Chigas ont largement contribué à l'élaboration de méthodologies de suivi et d'évaluation de la sensibilité aux conflits. Leur travail se concentre souvent sur des outils et des approches pratiques qui peuvent être appliqués sur le terrain, comblant ainsi le fossé entre la théorie et la pratique en matière de suivi et d'évaluation sensibles aux conflits.
Les recherches deSusanna Campbell portent sur l'évaluation de la consolidation de la paix et l'apprentissage organisationnel dans les environnements touchés par les conflits. Ses travaux portent souvent sur la manière dont les organisations internationales adaptent (ou n'adaptent pas) leurs stratégies en fonction des enseignements tirés des contextes de conflit. Elle souligne l'importance des approches flexibles et adaptatives dans les interventions de consolidation de la paix.
Thania Paffenholz a beaucoup écrit sur l'évaluation de la consolidation de la paix et les approches du développement sensibles aux conflits. Son travail souligne souvent l'importance de l'appropriation locale et de la participation aux processus de consolidation de la paix. Elle a contribué à l'élaboration de cadres d'évaluation de l'efficacité des interventions de consolidation de la paix dans divers contextes.
Peter Woodrow a contribué à l'élaboration de cadres de sensibilité aux conflits et à leur application dans divers contextes. Son travail se concentre souvent sur des outils pratiques pour l'analyse des conflits et la conception de programmes, en s'appuyant sur les fondements posés par l'approche « Do No Harm » d'Anderson.
Le travail deMark Hoffman se concentre sur l'analyse des conflits et l'évaluation de la construction de la paix. Il a contribué à développer des méthodologies pour évaluer l'impact des interventions de consolidation de la paix dans des environnements conflictuels complexes.
Cheyanne Scharbatke-Church a contribué au développement d'outils et d'approches de S&E sensibles aux conflits. Son travail porte souvent sur la corruption dans les États fragiles et sur la manière de concevoir des programmes de lutte contre la corruption en tenant compte des conflits.
Le suivi et l'évaluation sensibles aux conflits sont essentiels pour une consolidation de la paix et un développement efficaces dans les régions touchées par les conflits comme la République démocratique du Congo (RDC). En intégrant les principes de compréhension du contexte, d'inclusivité et d'appropriation locale, d'approches adaptatives et flexibles, et le principe « Ne pas nuire », les praticiens du S&E peuvent s'assurer que leurs interventions contribuent positivement à la paix et à la stabilité plutôt que d'exacerber les tensions.
Les travaux des principaux penseurs dans ce domaine, tels que Mary B. Anderson, Kenneth Bush, Colleen Duggan et d'autres, fournissent une base théorique et pratique solide pour le S&E sensible aux conflits. Ces experts soulignent l'importance d'une analyse approfondie des conflits, la nécessité d'interventions adaptatives et réactives, et le rôle essentiel des acteurs locaux pour garantir la pertinence et la durabilité des efforts de consolidation de la paix.
Principaux enseignements :
Réflexions finales :
En appliquant ces principes, les praticiens peuvent améliorer l'efficacité de leurs interventions dans les zones touchées par un conflit, contribuant ainsi à une paix durable et à des résultats en matière de développement. Les leçons tirées de la RDC et le travail des principaux penseurs dans ce domaine fournissent des indications précieuses pour les praticiens qui travaillent dans des environnements difficiles similaires. Alors que le S&E sensible aux conflits continue d'évoluer, l'intégration de ces principes sera essentielle pour parvenir à une paix et une stabilité durables dans les régions sujettes aux conflits.
Références :
Pour approfondir votre compréhension du S&E sensible aux conflits et explorer le travail des chercheurs et des praticiens mentionnés dans cet article, vous pouvez consulter les sources suivantes :
Anderson, M. B.(1999). Do No Harm : How Aid Can Support Peace - Or War. Boulder, CO : Lynne Rienner Publishers.
Cet ouvrage de référence présente le cadre Do No Harm, en soulignant comment l'aide peut involontairement contribuer à un conflit. Anderson fournit des conseils pratiques sur la manière de concevoir des programmes d'aide qui soutiennent la paix plutôt que d'exacerber les tensions.
Bush, K. et Duggan, C.(2013). Evaluation in Conflict Zones : Methodological and Ethical Challenges. Journal of Peacebuilding & Development, 8(2), 5-25. doi : 10.1080/15423166.2013.812891
Bush et Duggan explorent les complexités de la conduite d'évaluations dans les zones de conflit, en soulignant les défis méthodologiques et éthiques. Ils soulignent la nécessité d'adopter des approches spécifiques au contexte et des méthodologies sensibles aux conflits.
Chigas, D. et Goldwyn, R. (2013). Suivi et évaluation de la sensibilité aux conflits : Défis méthodologiques et solutions pratiques. Londres : Département du développement international.
Ce document fournit des solutions pratiques pour le suivi et l'évaluation de la sensibilité aux conflits, en abordant les défis liés à la mesure de l'interaction entre les interventions et la dynamique des conflits.
Campbell, S.(2018). Evaluating Peacebuilding : Not Yet All We Can Be.
Campbell critique l'état actuel de l'évaluation de la consolidation de la paix, plaidant pour des approches plus adaptatives et axées sur l'apprentissage qui répondent aux complexités des environnements de conflit.
Paffenholz, T.(2015). Unpacking the Local Turn in Peacebuilding : A Critical Assessment Towards an Agenda for Future Research.
Paffenholz examine de manière critique l'évolution vers l'appropriation locale dans la consolidation de la paix, identifiant à la fois les opportunités et les défis. Elle appelle à une recherche plus nuancée sur les dynamiques locales et le rôle des acteurs externes.
Scharbatke-Church, C. (2016). Designing for Impact : Intégrer la sensibilité aux conflits dans le suivi et l'évaluation.
Scharbatke-Church fournit un cadre pour intégrer la sensibilité aux conflits dans les processus de suivi et d'évaluation, en soulignant l'importance de comprendre les contextes locaux et d'adapter les interventions en conséquence.
Barbolet, A., Goldwyn, R., Groenewald, H. et Sherriff, A. (2005). L'utilité et les dilemmes de la sensibilité aux conflits. Berlin : Berghof Research Center for Constructive Conflict Management.
Ce document examine l'application pratique de la sensibilité aux conflits dans divers secteurs, en soulignant les défis et les avantages de l'intégration de ces approches dans le développement et le travail humanitaire.
Brown, S., & Grävingholt, J. (Eds.). (2016). Sustaining Peace in Times of Turmoil : Une analyse des stratégies de prévention des conflits et de consolidation de la paix. Bonn : Institut allemand de développement.
Ce volume offre une vue d'ensemble des stratégies contemporaines de prévention des conflits et de consolidation de la paix, en examinant le rôle du suivi et de l'évaluation sensibles aux conflits dans le maintien de la paix dans des environnements instables.
Projets d'apprentissage collaboratif du CDA. (2016). Réflexion sur la pratique de la paix : Manuel de formation des participants. Cambridge, MA : CDA Collaborative Learning Projects.
Ce manuel propose des outils pratiques et des méthodologies pour mettre en œuvre l'approche Reflecting on Peace Practice, en mettant l'accent sur la sensibilité aux conflits et le principe Do No Harm dans les initiatives de consolidation de la paix.
Fisher, S., Ludin, J., Williams, S., Abdi, D. I., Smith, R., & Williams, S.(2000). Working with Conflict : Skills and Strategies for Action. Londres : Zed Books.
Guide pratique pour les praticiens travaillant dans des contextes conflictuels, cet ouvrage fournit des outils et des stratégies pour l'analyse et l'intervention en cas de conflit, en mettant l'accent sur la sensibilité au conflit.
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Ce rapport présente une approche participative de l'analyse des conflits, soulignant l'importance des perspectives locales pour comprendre et traiter les conflits à grande échelle.
Lederach, J. P., Neufeldt, R. et Culbertson, H. (2007). Reflective Peacebuilding : A Planning, Monitoring, and Learning Toolkit. Mindanao : The Joan B. Kroc Institute for International Peace Studies.
Cette boîte à outils propose une approche globale de la planification et de l'évaluation des efforts de consolidation de la paix, en intégrant la sensibilité aux conflits et les pratiques réflexives.
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Ce guide offre des conseils pratiques pour incorporer l'analyse de conflit dans la planification et la gestion de projet, en mettant l'accent sur les approches sensibles aux conflits.
Schirch, L. (2013). Conflict Assessment and Peacebuilding Planning : Toward a Participatory Approach to Human Security. Boulder, CO : Kumarian Press.
Schirch présente une gamme d'outils pour l'analyse des conflits et la planification de la consolidation de la paix, en préconisant des approches participatives qui intègrent la sensibilité aux conflits et les considérations de sécurité humaine.
Woodrow, P. et Chigas, D.(2010). Une distinction avec une différence : Sensibilité aux conflits et consolidation de la paix. Cambridge, MA : CDA Collaborative Learning Projects.
Cet article explore la relation entre la sensibilité aux conflits et la construction de la paix, en fournissant des conseils pratiques pour intégrer ces concepts dans le développement et le travail humanitaire.
Ces ressources offrent une base complète pour comprendre et mettre en œuvre un S&E sensible aux conflits et le principe « Do No Harm » dans différents contextes.